Caroline Pandraud-Durand, fondatrice de Chapter, nous livre un édito sur l'Insolence - Nos dernières sorties avec : Hervé Morizot, co-fondateur de Formind, Yanis Anteur, co-fondateur de Miraxess, Grégory Amar, co-fondateur d'Eddo, Charles Beigbeder, serial entrepreneur et investisseur, et Corinne Briaud, fondatrice de Greenmarlin.
J’ai été marquée, la semaine dernière, par une intervention de Josef Schovanec - ce philosophe prolifique et neurodivergeant qui œuvre pour l’acceptation de la différence. Sur la scène du 50Day il posait cette question : “On dit trop souvent aux enfants de ne pas faire leur intéressant. Mais à quoi sert la vie, si ce n’est à penser, faire et dire des choses intéressantes ?”
Moi j’ai appris à être sage. À écouter. À ne pas faire de vagues. À ne pas faire mon intéressante. Et j’ai longtemps pensé que c’était la bonne voie. Comme beaucoup d’entre nous.
Depuis plus de 15 ans, j’accompagne des dirigeant·es de la tech dans l’intimité de leurs intuitions. Et plus je les observe, plus je remarque un trait commun chez ceux qui font bouger les lignes :
Cette capacité à avoir une conviction et à la dire.
Cette audace d’avoir une idée et de la concrétiser.
Cette liberté de croire que le monde peut être autrement — et de s’y employer.
Ce culot de renverser la table pour tracer leur propre chemin.
Une forme d’insolence. Créative, constructive. Une insolence qui, je crois, est le moteur trop souvent incompris des entrepreneur·es.
Les entrepreneur·es sont-ils tous et toutes des enfants terribles ? Sûrement un peu. Des insolents qu’on a parfois rabroué. Qui ont souvent eu le sentiment que leur conviction passait pour une obsession.
Dans le monde professionnel, on valorise l’audace… mais dans des limites bien définies. On célèbre l’innovation, à condition qu’elle reste sage et présentable. On attend des entrepreneur·es qu’ils ou elles prennent des risques, mais sans déranger.
Pourtant, les dirigeant·es qui s’imposent et les entreprises qui créent leur propre catégorie assument un point de vue net, parfois “dérangeant” justement.
Oser dire le fond de leur pensée, bousculer ce que tout le monde considère comme acquis. Pas pour provoquer gratuitement. Mais pour ouvrir de nouvelles voies.
Ce n’est pas un hasard si, ici en France, cette posture semble plus difficile à adopter qu’ailleurs. Notre éducation nous apprend à nous conformer. À tourner sept fois notre langue dans notre bouche avant d’oser émettre une opinion. Là où l’école anglo-saxonne encourage davantage la capacité à poser des questions, débattre, s’inscrire en faux.
Pas étonnant d’ailleurs qu’il nous faille une émission de télé avec des sauces qui piquent à l’intérieur - l’excellent Hot Ones - pour obtenir des réponses vraiment authentiques.
C’est encore plus vrai pour les femmes. On apprend très tôt aux petites filles à ne pas penser trop fort, à ne pas déborder, à ne pas prendre trop de place. À être polies, appliquées, irréprochables. À taire leur colère, à étouffer leur impudence.
Loin de moi l’idée d’encourager une insolence gratuite ou même toxique.
L’impertinence, quand elle est portée par un message pertinent, devient une arme puissante pour mener tous les combats — politiques, sociétaux, business. C’est le feu intérieur qui permet d’imaginer d’autres possibles.
Dans mon métier — aider les entreprises à clarifier leur vision et leur positionnement — j’en suis arrivée à cette conviction simple : la différence se joue dans la capacité à assumer un point de vue clair, sans compromis, qui prend le risque du décalage.
Les dirigeant·es que j’accompagne ressentent souvent ce tiraillement. La peur d’en dire trop. D’être jugé·es arrogant·es. D’être tout simplement « trop ». Mais c’est exactement là que se trouve leur force. Dans cette pertinence insolente qui attire, donne confiance et fédère.
Chez Chapter, c’est ce que nous faisons : aider les entreprises à clarifier ce point de vue de leader - sans détour, mais avec justesse. Une vision qui ne sur-promet pas, qui ne cherche pas à plaire à tout le monde, mais qui trace une direction forte qui touche juste.
Et si on apprenait à cultiver tous ensemble notre capacité à oser questionner et déranger ? Maintenant plus que jamais.
Parce que dans un monde saturé de discours convenus ou même parfois rétrogrades, ce qui fait vraiment avancer, c’est cette petite étincelle : l’audace de penser différemment. Et la liberté de le dire.
Caroline Pandraud-Durand, fondatrice de Chapter
Et pour (re)découvrir Caroline lors de son passage au micro de 40 Nuances de Sista, c’est juste ici 👉 :114 [SISTA] À son tour de raconter son histoire – Caroline Pandraud-Durand – SOUL
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C’est comme ça que notre cercle grandit, une plume à la fois.
Face aux menaces cyber de la Russie, évoquées par le président Emmanuel Macron lors de son allocution, celles d’autres Etats, et les questionnements sur l’alliance avec les américains, comment la France se prépare à la nouvelle donne cyber ?
Faut il trouver des solutions de remplacement à certains logiciels US couramment utilisées par les acteurs de la cyber défense ?
La menace cyber n’est pas qu’étatique. Les mafias, les criminels aguerris comme les apprentis pirates, le risque cyber ne fait pas vaciller que nos démocratie. Outres les arnaques aux particuliers, les entreprises sont en risques.
Le rapport annuel de l'ANSSI vient d'ailleurs de sortir et dresse un tableau des menaces et des enjeux. On fait le point avec le CEO d'une des boites leaders en matière de Cyber : Formind.
Pour Hervé Morizot “La question n’est pas de savoir si vous serez piraté mais quand vous serez piraté” rappelle notre invité du jour, l’un des leaders français en matière de cyber défense.
Il y a des entrepreneurs qui bâtissent des empires visibles, et d’autres qui travaillent dans l’ombre pour éviter que tout ne s’écroule. Hervé Morizot fait partie de la deuxième catégorie.
À la tête de Formind, l’un des leaders français de la cybersécurité, il voit chaque jour des entreprises vaciller sous l’impact d’attaques invisibles. Ransomwares dévastateurs, espionnage industriel, États hostiles qui testent leurs cyberarmes en silence… Pendant que certains dirigent leurs boîtes sans s’en soucier, lui sait que la seule question à se poser n’est plus si on sera attaqué, mais quand.
Yanis Anteur a passé 10 ans à se battre pour son rêve. Il a soulevé des montagnes, séduit Samsung, déployé son produit chez la police britannique… avant que tout ne s’effondre.
Quand il imagine Miraxess, il est encore étudiant. Dans un amphithéâtre, il observe ses camarades : d’un côté, leur PC portable ; de l’autre, leur smartphone. Et une question lui vient en tête : Pourquoi deux appareils ? Pourquoi ne pas fusionner les deux ?
Ce jour-là, il ne le sait pas encore, mais il vient de poser la première pierre d’une aventure qui va l’emmener aux quatre coins du monde, le faire lever des millions et lui apprendre à encaisser les pires échecs. 2015 – Il crée Miraxess.
L’idée est ambitieuse : transformer le smartphone en PC avec un dock révolutionnaire.
2017 – Il se heurte aux lenteurs françaises, aux bureaux d’études qui promettent beaucoup mais livrent peu. Il comprend que s’il veut réussir, il doit partir. Direction la Chine.
2018 – Après des mois de galère, Samsung repère son produit. Il y croit.
2019 – Miraxess équipe la police britannique. Le projet devient concret. Le rêve se matérialise.
2020 – Le Covid frappe. Le cauchemar commence. Ce qui aurait pu être une opportunité – le boom du télétravail – se transforme en désastre absolu. Les entreprises gèlent leurs budgets, les investisseurs se rétractent, la trésorerie fond comme neige au soleil.
Les dettes s’accumulent, l’équipe se réduit, la tension est à son comble.
Pourtant, Yanis refuse d’abandonner. Il multiplie par 6 son chiffre d’affaires, il retarde 4 fois la liquidation en convainquant le tribunal qu’il peut encore sauver son entreprise.
Il négocie, il se bat, il cherche des solutions jusqu’à la dernière minute.
Mais parfois, la volonté ne suffit pas.
En juin 2024, la sentence tombe. Liquidation judiciaire.
À 29 ans, Grégory Amar prend un risque que peu oseraient. Il s’endette pour racheter une entreprise, avec une idée fixe : la développer et la revendre.
Et alors que tout le monde le pensait fou, Grégory réussit son pari.
Après une première année à rembourser sa dette et une deuxième de forte croissance, la suite logique pour changer d’échelle est une cession. Il rencontre alors les dirigeants de Line Up 7 aux BigBoss, qui organisent des événements B2B réunissant les grands décideurs français. Ils ne tournent pas autour du pot, testent leurs synergies pendant quelques mois, et la cession vient comme une évidence.
Trois ans après avoir repris la boite, Gregory cède Eddo pour 4 millions d’euros à Line Up 7. Un deal bien négocié, une signature euphorique, un chèque en main… puis une claque.
Dès les premières minutes post-signing, le ton change. Alors que Grégory et son associé, encore portés par l’adrénaline de la vente, immortalisent le moment par un selfie avec leur chèque, le repreneur les fixe, stupéfait : « Vous êtes sérieux ? » L’ambiance devient glaciale.
Ce qui devait être une transition fluide se transforme en deux salles, deux ambiances.
Pourquoi un tel décalage entre l’enthousiasme des vendeurs et la rigidité du repreneur ? Comment une simple différence de posture peut-elle impacter l’intégration après la cession ?
Les mois d’earn-out qui suivront seront tendus : entre désalignement stratégiques et changement de modèle, l’entente n’est plus aussi cordiale.
2020, le covid finit de convaincre Grégory à quitter l’aventure plus tôt que prévu. Il peut enfin réaliser son rêve : partir 2 ans en tour du monde.. Un tour du monde qui se limitera à 4 mois sur des îles aux Antilles, puis un retour en France où il profitera de sa nouvelle vie de jeune papa.
“Être entrepreneur, c’est rester adolescent : avoir des rêves et les réaliser.”
Charles Beigbeder n’a jamais perdu cette soif de découverte qui le pousse à toujours explorer de nouveaux horizons.
D’abord en tant qu’entrepreneur visionnaire.
Trading en ligne ? Il l’a fait avec Self Trade en 1997, avant de revendre à une banque allemande. Énergie et électricité ? Il a bousculé EDF avec Poweo avant que l’État ne mette un frein à son expansion. Agriculture ? Il a parié sur l’Ukraine comme grenier à blé de l’Europe, jusqu’à ce que la géopolitique lui rappelle que le business ne se joue pas toujours qu’avec des chiffres.
Et aujourd’hui en tant qu’investisseur engagé sur trois secteurs ultra-stratégiques :
Le spatial – Parce que “ceux qui contrôlent l’orbite basse contrôleront la data.”
Le quantique – Parce que “les Européens sont excellents en R&D, mais incapables d’industrialiser.”
Le nucléaire – Parce que “sans énergie stable, il n’y a pas d’industrie, et sans industrie, il n’y a pas d’indépendance.”
Leader accomplie avec un parcours remarquable dans l’industrie de la santé et du bien-être, elle a occupé des postes stratégiques au sein de grandes entreprises internationales (Galderma, Nestlé Skin Health, GSK, P&G et Reckitt), contribuant au développement de solutions innovantes pour la santé des femmes, de l’hygiène féminine aux soins de la peau en passant par la fertilité et la migraine.
En 2021, elle quitte le monde des grandes entreprises pour rejoindre Timeline, une startup de biotechnologie spécialisée dans la longévité cellulaire, prisée par les biohackers et passionnés de santé. Aujourd’hui, elle dirige GREENMARLIN, où elle accompagne des startups et scale-ups du secteur de la santé et de la longévité dans leur stratégie et leur développement.
Reconnue pour son expertise et ses prises de parole inspirantes, Corinne défend un leadership alliant performance et équilibre personnel. Femme engagée et mère active, elle met en lumière les défis des femmes leaders et explore comment la santé intégrative peut devenir un véritable levier de réussite, dans la mesure où selon elle “la santé est notre plus grande richesse”.
Avec elle, nous avons abordé les chiffres clés sur la santé des femmes, l'importance des rôles modèles dans leur évolution professionnelle, les spécificités physiologiques féminines, mais aussi l’importance de remettre l'humain au centre pour assurer une performance durable des entreprises.
👉 La Créativité, par Véra Kempf, co-fondatrice de Singulart et ambassadrice French Touch
👉 Le Doute, par Solène Étienne, co-fondatrice de FeuilleBlanche
👉 La Performance, par Charline Goutal-Guérin, fondatrice de The Human Hack
L’agence FeuilleBlanche produit des médias d’inspiration pour les dirigeants et crée des contenus de marque.
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