Bénédicte Sanson, cofondatrice du Moovjee, nous livre un édito sur le Deuil - Nos dernières sorties podcasts avec : Patrice Thiry, fondateur de ProwebCE, Laurent Garret, DG de Neuflize OBC, Luc Larry, fondateur de Burobox, et Jessica Mulliez, fondatrice de Poiçon 22.
Derrière Les Nouveaux Narrateurs, il y a FeuilleBlanche, producteur de médias, podcasts et récits stratégiques pour les marques.
Un projet à lancer ou un message à affiner ?
Deuil
Mot de saison avec son jumeau siamois « perte ».
De saison parce que nous avons collectivement perdu la lumière, la couleur est tombée des arbres et nous nous enfonçons dans l’hiver, cette période où, recroquevillés sur nous-mêmes, le froid nous glace et nous renvoie à la rigidité des corps, la perte ultime. Et voilà le deuil.
En octobre 2008, j’ai pris la décision très difficile de mettre mon entreprise en liquidation judiciaire. Crise des subprimes qui a marqué l’économie mondiale par son ampleur et la rapidité de sa propagation. Impact immédiat sur ma petite entreprise : les commandes s’arrêtent en quelques jours sans aucune perspective à court terme. Je dois prendre des décisions très vite.
Je tranche pour éviter la gangrène sur ma vie personnelle mais je n’étais pas préparée à la violence de cet « hara-kiri ».
J’ai passé plusieurs mois dans un état d’épuisement total mais les mains tendues m’ont permis de rebondir rapidement. C’est la période de gestation du Moovjee avec Dominique Restino et son lancement à peine un an plus tard. Le positif qui revient avec un projet porteur de sens et qui vient apporter une réponse à des questionnements anciens sur ma place dans le monde professionnel.
Décembre 2011, deuxième choc. Bien plus terrible que le premier, d’une violence incomparable.
La perte accidentelle de mon fils ainé. Effondrement. Confrontation sans pitié à la brutalité du réel. Il ne s’agit plus simplement de prendre le temps d’absorber mais de renoncer à l’illusion de la maîtrise de ma vie. Comment avoir le courage de continuer quand je suis dans le tunnel le plus noir sans aucune espérance de lumière ?
Deuil.
Deuils. Ce long chemin pour réapprendre à vivre, le faire en conscience et retrouver une présence au monde, autrement.
Christophe Fauré, psychiatre français référent dans l’accompagnement du deuil nous dit que « le deuil n’est pas un oubli, c’est un réaménagement intérieur qui permet de continuer à vivre avec ce qui a été perdu. » Continuer et transcender cette douleur pour revivre autrement, riche de l’expérience de la transformation.
Perdre sa boite, perdre son enfant, quelle que soit l’ampleur de la perte, elle a les mêmes effets : la rupture d’un lien, une confusion émotionnelle, la nécessité de reconstruire du sens. Et le processus de deuil suit le même schéma que chacun traverse avec sa propre temporalité : reconnaître la perte, traverser les émotions, se détacher, puis réinvestir la vie autrement.
Le deuil exige ce temps de pause pour prendre soin de soi et s’autoriser à projeter un nouvel avenir. Dans un monde où tout doit aller vite, il réintroduit le réel, la lenteur, la profondeur. En nous arrêtant pour nous retourner sur ce qui a été, nous reconnaissons le chemin parcouru, comprenons nos faux-pas, éclairons les cadeaux reçus. Nous prenons le temps de cicatriser et de célébrer la mémoire qui nous conduit à revisiter notre rapport au monde extérieur et à notre propre identité.
Apprivoiser le souvenir nous amène à créer à nouveau. Ce que nous avons perdu libère un espace où quelque chose de neuf peut advenir, non pas en remplacement, mais en prolongement. La douleur initiale se transforme en élan de transmission ; ce qu’on a reçu et perdu devient matière à donner.
Parce que j’ai connu l’immense douleur de la perte, je ne peux aujourd’hui que souligner et remercier l’intensité de sa contribution à transformer positivement ma vie. Le deuil ne m’a pas retirée à la vie, il m’a obligée à en devenir passeuse.
Je vous souhaite un novembre lumineux, empli de la gratitude envers tous ces deuils qui nous conduisent vers le meilleur de ce que nous sommes.
Bénédicte Sanson, cofondatrice du Moovjee
Bénédicte publie son premier romain L’inconcevable merci, paru chez “L’éditeur à part” le 23 octobre dernier.
“Il y a des livres qu’on commence et qu’on ne peut pas lâcher. L’Inconcevable Merci, premier roman de Bénédicte Sanson, fait partie indéniablement de ceux-là.
C’est l’histoire d’un ado, d’un dimanche d’hiver, d’une écharpe. Un roman choral lumineux sur l’absence et la façon dont chacun, à son niveau, tente de l’apprivoiser.
Son écriture, fluide et tenue, transperce. Ce n’est pas un livre empreint de pathos, mais une vraie ode à la vie. Spoiler : j'ai pleuré. Un premier romain qui mérite d'être connu, lu et partagé !
Bref, foncez commander l’ouvrage de Bénédicte Sanson sur www.placedeslibraires.fr, à la Fnac ou directement chez votre libraire préféré !”
Solène Etienne, cofondatrice de FeuilleBlanche
Bénédicte a aussi évoqué aussi cette notion de deuil au micro de 40 Nuances de Sista.
👉 Le mentorat ou l’art de donner des ailes - Bénédice Sanson - Twoo
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C’est comme ça que notre cercle grandit, une plume à la fois.
Quasi-liquidation, interdit bancaire, audience au tribunal demain matin… et, la veille, un contrat in extremis avec la Banque de France qui sauve ProWebCE.
De ce bord de falaise à un exit à 300 M€ avec Edenred, Patrice Thiry déroule l’itinéraire complet : comment tenir, choisir, négocier, puis transmettre sans « casser le jouet ».
Au départ, un faux départ : un projet de “vente privée” qui s’enlise. Pivot rapide et thèse claire : bâtir un logiciel “sticky”, récurrent, où l’usage finance la R&D.
Les débuts sont compliqués, mais l’équipe exécute, l’ARR grimpe, le e-commerce devient un vrai métier. ProWebCE grandit parce que le produit rend service, pas parce qu’il fait du bruit.
Côté repreneurs, tout commence dès 2012 avec Edenred : on travaille ensemble, on se jauge, on installe la confiance.
En 2015, carrefour stratégique : un 2e LBO offensif proposé par un fonds… ou un “LBO industriel” avec Edenred (entrée au board, indépendance des équipes, synergies concrètes, calls de rachat étalés). Patrice hésite, pose la question à ses enfants.
Leur réponse l’ancre : on vend, mais bien. La négo ensuite est un marathon jusqu’au bout : 9 mois de discussions, 900 pages de contrat, et un signing qui s’est étalé sur 3 jours.
Le chiffre est beau, mais la méthode compte plus : tenir l’indépendance opérationnelle, préparer la succession (transmission managériale), et s’impliquer 1 an et demi au COMEX Monde pour sécuriser l’intégration.
Il a juré qu’il ne travaillerait ni à Paris, ni en banque. Puis un jour, il découvre la banque privée : non pas des chiffres, mais des histoires de vies. Là, quelque chose s’allume.
Des années plus tard, on lui remet les clés de Neuflize OBC. Le jour de sa nomination, une pensée traverse la pièce : “Pourquoi moi ?” Ce n’est pas de la com’, c’est une vraie montée d’adrénaline, un pincement au ventre. Il regarde l’ascenseur : 1000 collaborateurs vont y monter demain matin. “Les actifs, se sont eux.” Il faudra décider vite, et décider juste.
Sa première décision pour tenir la promesse du service ? Couper une partie de la base clients : un quart, ceux pour qui le coût de la conformité étouffe l’attention. Sur le papier, c’est froid. Dans la vraie vie, c’est une série de coups de fil, des conversations avec chacun d’eux. “Voilà pourquoi, voilà comment on vous accompagne ailleurs.” Des silences parfois lourds, des remerciements aussi.
Choisir, c’est prendre sur soi. Ce recentrage n’est pas un repli. C’est une clarification : Neuflize ne sert pas seulement l’entreprise, elle finance l’entrepreneur, la personne.
Le 13 mai, au quai de Corse, Luc se sent vide. Pas en colère, vide. Il entend la greffière, regarde le bois sombre, sait déjà ce que le juge va dire.
Quand l’assistante lâche “il ne s’est pas payé depuis sept mois”, c’est un sentiment de honte et de fierté en même temps : honte de n’avoir pas tenu, fierté d’avoir protégé l’équipe jusqu’au bout. Puis le mot tombe : liquidation. La gorge se serre, les larmes montent, il ne lutte pas.
Pourtant, l’histoire ne commence pas dans un tribunal. Elle débute dans la cosmétique, quand un jeune commercial sans diplôme apprend l’exigence, la tenue, le goût du client bien servi. Puis vient une opportunité. En 2007, il lance Burobox. L’idée est simple : faire des bureaux propres, tenir les délais, voir les clients revenir. Il aime cette fatigue du soir qui dit “on a bien bossé”.
Burobox grossit, les chiffres montent, le petit Luc qui a grandit dans un milieu modeste voit son train de vie changer.
Le Covid ? Paradoxalement, pas la peur : l’adrénaline. Les chantiers continuent, les PGE rassurent, il se répète que “ça va passer”. Mais après la reprise, il découvre une autre fatigue, sourde : permis qui traînent, et des délais de paiement qui glissent de 45 à 90, puis 120 jours. Il signe un prêt de 350 000 € “pour respirer”. Ça marche… deux mois. Ensuite, c’est l’angoisse d’ouvrir le compte en banque chaque matin.
Il recrute un directeur technique “grosse maison” pour reprendre la main. Mauvaise pioche : plus de process, moins de lien. Des clients historiques le lâchent. Mars–avril 2022, il suspend des chantiers pour rester dans le droit : il sait que c’est juste, mais il culpabilise. La descente aux enfers a commencé, sa mère, sa femme et ses équipes le mettent face à la réalité : “Tu t’es perdu Luc”. Il n’a plus le choix.
Et le verdict de l’avocate est net : “il n’y a rien à sauver.”
Avant même Poinçon 22, Jessica Mulliez dessinait déjà ses propres bijoux.
Elle design et conçoit une médaille. Elle la fait sertir d’un saphir bleu. Et comprend, en la portant, qu’un bijou peut fixer un souvenir.
Avant ça, il y a la Place Vendôme : Jessica travaille chez Boucheron, Van Cleef & Arpels. Elle y découvre l’exigence, la précision, le respect des matières.
Puis Jessica tombe malade. Les allers-retours à l’hôpital démarrent et le travail est mis entre parenthèses. Pour tenir, Jessica se remet à dessiner.
Pour s’évader et mieux traverser cette épreuve. C’est comme ça que vient l’idée de lancer sa propre Maison : Poinçon 22 est né, “à sa main”.
Des pièces sur-mesure, conçues et réalisées à la commande, le tout sans ambition démesurée, mais avec un mantra : ses bijoux sont les gardiens d’un souvenir.
En 2 ans, le bouche-à-oreille fonctionne, le business prend de l’ampleur, Jessica est devenue entrepreneure. Mais la réalité est aussi rude : deux grossesses sans congé, des journées trop longues, la solitude qui s’installe. Elle hésite, pèse, repousse.
Puis finalement elle décide de ne plus être seule. Hugo, son mari et soutien de la première heure, investit et prend une part du pilotage. Le duo clarifie les objectifs et la trajectoire, et surtout, Jessica retrouve de l’air - et sa façon de raconter.
Le podcast qui explore dans chaque épisode, les liens entre santé intégrative, performance et conscience du vivant – chez les leaders, entrepreneurs et professionnels engagés
Docteure en neurosciences cognitives et sexologue, Aurore Malet Karas explore les liens intimes entre le corps, le cerveau et la culture.
À travers ses recherches et sa pratique clinique, elle décrypte les mécanismes du plaisir, de l’attachement et du désir, tout en interrogeant les représentations sociales qui façonnent notre rapport à la sexualité.
Dans son ouvrage "Cerveau, sexe et amour" (Humansciences, 2024), elle propose une lecture lucide et accessible des circuits de la récompense, des émotions et des relations amoureuses.
Son approche conjugue rigueur scientifique, écoute humaniste et engagement pour une éducation à la santé sexuelle plus éclairée et inclusive.
Avec elle, on a exploré les liens entre sexualité et santé, le poids des injonctions culturelles, la question de la performance trop souvent confondue avec le plaisir, et l’importance de l’éducation sexuelle dès l’enfance pour construire une relation plus saine au corps et au lien.
👉 La Peur, par Marine Billiard, fondatrice et CEO de Groupe St Ho
👉 L'Acceptation, par Victor Virette, ancien dirigeant d'eCourses
👉 Le Silence, par Antoine d'Espalungue, cofondateur de Kronos Care
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