Au programme cette semaine : Frédéric Lachèvre planche sur la Symbiose - Nos dernières sorties podcast avec : Mathilde Lefrançois - cofondatrice de Farmitoo, Sebastien de Lafond - cofondateur de Meilleurs Agents, Julie Ranty - cofondatrice de Pollen et Damien Tardieu - cofondateur de Niland.
Après avoir créé de nombreuses entreprises en Bretagne, j’ai co-fondé Cool Roof, une entreprise finistérienne de revêtements thermo-réflectifs. Aujourd’hui, je vous présente comment mes expériences personnelles et professionnelles m’ont amené à faire de la symbiose une philosophie de vie.
La symbiose, souvent invoquée dans le monde des affaires, porte une signification bien plus profonde pour moi, touchant à la fois mon parcours personnel et professionnel. En tant que créateur d’entreprises, j’ai certes été inspiré par le concept de symbiose écologique, mais c’est à travers mon expérience personnelle que j’ai vraiment saisi son importance vitale. C’est le sujet que j’ai donc choisi pour cette tribune qui, je l’espère, vous inspirera à (re)penser vos rapports personnels et professionnels au vivant, malgré les transformations qui l’agitent depuis quelques décennies.
Au sens strict, une symbiose est un ensemble de vie, constitué de deux organismes différents et interdépendants, intimement et durablement liés l’un à l’autre. La majorité de ces relations sont mutualistes : chaque « symbiote » y trouve son compte. C’est le cas du poisson-clown et de l’anémone de mer, popularisé par Pixar. À l’inverse, quand l’un des symbiotes profite de l’autre à ses dépens, la relation devient parasitaire – jusqu’à ce que mort s’ensuive, dans certains cas.
Les défis du changement climatique ont renforcé ma conviction que nous devons adopter une approche symbiotique non seulement avec la nature mais aussi au sein de nos sociétés. Bien qu’issue de cette réflexion, la création de ma dernière entreprise, Cool Roof, n’est que l’expression concrète de ma croyance plus large dans la nécessité de réciprocité et de soutien mutuel. A posteriori, ce sont mes parcours professionnel et personnel qui m’ont fait cheminer vers le respect et son incarnation par la symbiose.
Beaucoup d’entre nous, nouveaux entrepreneurs, faisons briller l’éclectisme de nos trajectoires professionnelles et les nombreux savoir-faire et savoir-être qui en découlent. J’en fais partie, bien sûr : j’ai été tourneur de groupe de rock, j’ai ouvert des salles de concert, puis des librairies, des bars et restaurants – dont la première librairie de BD et le premier restaurant bio en Bretagne dès 1981 – et j’ai ouvert une galerie commerciale en ligne dès le début des années 1990. Mais avoir raison avant les autres, c’est souvent avoir tort, quand bien même l’idée est bonne. Après ces pérégrinations, je suis devenu père – et suis rentré dans le rang de la grande distribution et de la construction.
Un retour en arrière s’impose, car ce sont mes racines qui ont cultivé ce besoin de symbiose. Je suis un binational, de père normand-canadien et de mère sarde. Je me considère également breton, alors que je ne suis arrivé dans le Finistère qu’en 1980. Là-bas, j’éprouve la même force d’enracinement qu’en Sardaigne. Quand j’ai débarqué en Bretagne, l’ambiance était folle – déjà, il y avait des bars partout ! De rencontre en rencontre, mes affinités se sont accrochées entre barjots, et je me suis vite vu intégré à ces sociabilités claniques. Le pays est fort, la nature est d’une puissance incroyable. J’ai d’ailleurs appris la langue pour discuter avec mes voisins de Bigoudénie – pas pour m’enculturer, mais pour échanger. Et en fin de compte, c’est cela qui m’a permis de respecter mon environnement et de me faire respecter ; je suis devenu un respectueux de l’humain.
Par la force des choses, je crois donc à la force des racines. Quelle que soit la terre, je m’y implante avec les autres habitants. Et quand nos racines prennent quelque part, on se rend vite compte de nos interdépendances – et de leur force. Elles peuvent toutefois être pernicieuses dans ces environnements ! Il s’agit de ne pas s’y endormir ; il nous faut “prendre garde à la douceur des choses,” comme l’a formulé le poète Paul-Jean Toulet. Je cherche activement à m’ancrer dans des relations de symbiose, sans me perdre dans une stabilité dodelinante. Le seul danger de la symbiose est en effet de se laisser happer par la passivité, et d’entrer dans une ligne de vie non-créatrice.
Quarante ans plus tard, j’ai donc acquis une perspective plus nuancée des rapports et échanges entre vivants – et des contextes favorables à la réintroduction de nos symbioses. Dans mon métier de bouche, la hiérarchie est un principe et une pratique nécessaires ; le management aplati n’est pas un modèle viable. Dans la grande distribution, il faut qu’il y ait “un patron,” et cela s’impose comme une normalité. En revanche, dans ce qu’on appelle les “nouveaux métiers,” il est possible de prendre le contrepied de ce modèle traditionnel. Pour ma part, je sais que je n’ai ni la capacité ni l’envie de “faire le patron”. Et je crois fermement que refuser la verticalité du pouvoir revient à lutter contre les effets sclérosants de la hiérarchisation sur notre intelligence collective.
Dans nos métiers de création et d’innovation, la puissance de l’humain dans l’entreprise ne s’incarne plus dans l’employé-modèle premier-arrivé-dernier-parti qui obéit sans moufter au “patron”. Au contraire, c’est la diversité de savoirs et des expériences, puis leur mise en commun qui cimentent nos capacités d’adaptation aux nouveaux enjeux de nos communautés. C’est bien la symbiose qui s’impose.
En tant qu’entrepreneur, j’ai la grande chance d’être capable d’embarquer des gens dans mes idées : j’ai toujours monté des choses avec d’autres, formé des binômes et trinômes. Avec mes associés chez Cool Roof par exemple, nous marchons tous les trois côte-à-côte – nous sommes le Bon, la Brute et le Truand. Je vous laisse deviner qui est qui, mais ce sont des rôles qui nous permettent de coexister sans compromettre nos individualités.
Aujourd’hui, je vis donc cette symbiose au quotidien, non seulement en dirigeant une entreprise qui cherche à minimiser l’impact écologique des bâtiments humains, mais aussi en partageant mes connaissances et en apprenant des autres. Chaque discussion, chaque projet, chaque échec et chaque succès m’ont enseigné que notre interdépendance pourrait être la clé de notre survie collective.
Ainsi, j’ai foi en la complémentarité des humains et leurs potentiels d’associations mutuellement bénéfiques. Et heureusement ! Nous sommes toutes et tous sur cette petite balle qui ne cesse de tourner sur elle-même, alors il va bien falloir trouver des moyens de continuer à y vivre ensemble, non ?
Il nous appartient de rééquilibrer nos dynamiques jusqu’ici parasitaires, de retrouver des cycles mutuellement bénéfiques. Le vivant n’est pas que ressource ; il est échange et réciprocité. Nos sociétés se sont construites sur l’exploitation du vivant – il n’appartient qu’à nous d’inverser cette tendance, de substituer la réciprocité à la domination. Et c’est précisément ce qui fait mon quotidien et celui de l’équipe de Cool Roof aujourd’hui : en recyclant les déchets conchylicoles pour en tirer des charges calcaires, nous transformons notre rapport aux ressources marines et minières.
Mais il s’agit aussi d’inciter d’autres acteurs économiques à rejoindre cette dynamique, et ce malgré leurs intérêts clivés ! Comme beaucoup, mes co-fondateurs et moi-même avons choisi le « nudge » pour cimenter notre engagement et ceux de nos interlocuteurs. Avec la RSE et la CSRD à l’échelle européenne, nous entrons enfin dans l’âge d’or de l’évaluation des impacts sociaux et environnementaux des marchés. Et, plutôt que de suivre la route toute tracée des crédits carbone, qui ne sont qu’un autre produit financier faisant tourner la roue de la spéculation sur le vivant, nous nous sommes associés aux Dividendes Climat. C’est en utilisant ce nouvel indicateur extra-financier que nous cherchons aujourd’hui à convaincre toujours plus d’acteurs à nous rejoindre et à restaurer leurs symbioses.
La symbiose n’est donc pas juste une stratégie écologique ; c’est une approche globale pour une vie équilibrée et responsable. J’espère que mes expériences et mes efforts, aussi modestes soient-ils, encourageront d’autres à réfléchir à la façon dont ils peuvent également contribuer à un monde plus symbiotique. À bientôt pour échanger ensemble – et devenir symbiotes !
Frédéric Lachèvre, cofondateur et président de Cool Roof
En 2018, Mathilde Lefrançois cofonde Farmitoo avec l’ambition de révolutionner le secteur agricole européen en digitalisant l’offre de matériel et pièces détachées. À seulement 26 ans, elle réunit une équipe multiculturelle, ouvre sept pays en trois ans, et réussit une levée de fonds en série A de 10 millions d’euros. Mais derrière cette croissance spectaculaire, une réalité plus sombre se dessine.
Dans cet épisode, Mathilde revient sur les moments forts de son aventure :
- La rencontre improbable avec son futur associé Denis Fayolle, cofondateur de La Fourchette, qui débarque en Équateur pour la convaincre de se lancer.
- Les débuts exaltants où les premières ventes déclenchent anecdotes inattendues, comme une commande envoyée à La Réunion par erreur.
- Le succès initial et les défis de bâtir une équipe de 90 personnes en pleine expansion internationale.
- Les premières fissures : des erreurs stratégiques, une dépendance au webmarketing, et une course au volume d’affaires qui s’avèrent fatales.
- Les décisions déchirantes : licenciements massifs, fermeture de pays clés, et une ultime tentative de vendre la société.
“Ma vie professionnelle est une prise de risque progressive”
Alors qu’il avait déjà quitté JP Morgan pour un contrat précaire dans une banque d’affaire américaine quelques années auparavant, Sébastien de Lafond bascule dans l’entrepreneuriat en 2008.
Frustré par l’opacité du marché immobilier, Sébastien décide de lancer Meilleurs Agents : une entreprise qui rendrait les prix de l’immobilier accessibles à tous. Aidé par un mathématicien de renom et une équipe passionnée, il met au point une carte des prix révolutionnaire.
Mais la route est loin d’être simple. Les notaires hésitent à partager leurs données. Les agents immobiliers, eux, se montrent hostiles, lui lançant même : "On voit bien que vous n’y connaissez rien !".
Malgré tout, Sébastien persévère. En quelques années, Meilleurs Agents devient incontournable, au point d’attirer le groupe allemand Axel Springer. Une longue danse commence. Les négociations sont tendues au début, voire rompu après une première offre à la limite du manque de respect selon Sébastien.
L’un des dirigeants allemands l’appelle quelques jours plus tard, présente ses excuses, et finit par lui faire une offre à 200M que Sébastien accepte.
« La meilleure manière d’apprendre, c’est d’apprendre de ses pairs », voilà la conviction de Julie Ranty, co fondatrice de Pollen, une plateforme de formation lancée en 2023 qui réinvente la formation professionnelle et l'apprentissage tout au long de la vie, en donnant accès aux meilleurs experts tech & business.
Julie commence sa carrière aux Echos et y lance les Echos Start. Puis elle travaille sur le lancement de la première édition de VivaTech, et en devient la directrice générale dès la 2eme édition, et ce, jusqu'à ce qu’elle décide en 2022 de passer de l’autre côté de la barrière et se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat après avoir beaucoup appris aux côtés de Christophe Victor et Francis Morel aux Echos et de Maurice Lévy à Vivatech.
Elle a eu envie de donner cette chance à d’autres, d’apprendre des meilleurs.
Son objectif : apprendre des meilleurs, en présentiel, et changer les formateurs.
Quand une technologie issue d’un laboratoire devient un outil qui révolutionne la musique, c’est l’histoire de Niland. Fondée par Damien Tardieu, Christophe Charbouillet et Johan Pagès, cette startup née à l’IRCAM a rapidement attiré l’attention des géants grâce à son intelligence artificielle capable de comprendre et d’analyser la musique de manière inédite. Résultat ? Une API de recommandation musicale qui devance ses concurrents.
Dans cet épisode, plongez dans les coulisses :
- du passage du laboratoire à la startup avec les premières victoires commerciales.
- des pivots stratégiques rendus possibles grâce aux retours clients.
- du moment où Spotify a montré son intérêt et ce qui a conduit à une vente rapide.
- des émotions contradictoires lors des négociations, entre fierté et tension.
- de la vie après l’exit : un nouveau départ avec des leçons pour tous les entrepreneurs.
👉 L'optimisme, par Gaëtan de Sainte Marie, Président et fondateur de Qantis
L’agence FeuilleBlanche produit des médias d’inspiration pour les dirigeants et crée des contenus de marque.
Vous avez un projet de podcast ?
Vous voulez concevoir un contenu pour votre marque ou sponsoriser un podcast ?