Au menu de ce nouveau numéro : Un appel à la nuance dans un édito de Charles-Edouard Girard, co-fondateur de HomeExchange / Regards croisés sur le thème du recrutement par Éléonore Crespo, co-fondatrice de Pigment, Thibaud Hug de Lazaure, co-fondateur Back Market, Jonathan Cherki, CEO de Contentsquare, et Timothée de Roux, CEO d'Alentour & Manawa.
Dans un monde où aujourd’hui la nuance n’est pas une évidence, où les personnes les plus suivies au monde adoptent souvent des positions radicales vis-à-vis de leurs convictions et de leurs combats, faut-il croire à notre capacité à revenir vers le nuancé, le discuté, le partagé ?
Le système médiatique contemporain valorise les positions extrêmes. Ce penchant pour l'hyperbole déforme souvent la réalité, donnant lieu à des décisions précipitées qui négligent la complexité inhérente aux situations.
Récemment, chez HomeExchange, une grande ville européenne a décidé de ne pas faire de différence entre le concept d’Airbnb et le nôtre : celui de l’échange de maisons. Il était plus facile de mettre tout le monde dans le même panier. Nous faisons tous les deux venir des touristes chez les habitants. Nous prônons tous les deux le plaisir d’être plus local. Nous permettons tous les deux de mettre sur le marché des lieux qui ne l’étaient pas avant.
Mais personne n’achète des appartements en nombre pour les échanger. L’échange de maisons ne fait pas grimper les prix de l’immobilier. L’échange de maisons ne vide pas des quartiers entiers de leurs habitants.
Heureusement, grâce à l’incroyable mobilisation de nos membres, la ville a décidé de, temporairement, suspendre cette décision pour mieux comprendre la situation, pour la nuancer, et ainsi prendre en compte les différences claires entre un système lucratif et une pratique basée sur la simple notion de partage.
Comment ne pas tomber dans le piège des raccourcis, qui peuvent nous desservir ? Comment lutter contre ce besoin de simplification ? Comment inviter à plus de nuance ?
Voilà peut-être quelques pistes.
Questionner l'Information : ne pas se laisser manipuler par les affirmations trop évidentes. Il faut nous habituer à creuser, à trouver les informations contradictoires, à challenger ce qui est présenté, parfois, comme une vérité absolue et indiscutable. L’opinion affirmée de quelqu’un ne doit ni ne peut être une évidence pour nous. Nous sommes tous différents, il est normal que nos avis divergent, car ils comportent justement des nuances.
Accepter la Complexité : comme le disait Oscar Wilde : “La vérité pure et simple est très rarement pure et jamais simple”. Il vaut peut-être mieux d’éviter de se positionner pour quelque chose ou contre quelque chose. Nous arrivons à un meilleur avenir en acceptant notre ignorance sur certains sujets et donc à ne pas nous positionner. Ce n’est pas une honte d’être en transition sur un sujet.
Résister à la Décision Hâtive : il faut sortir de l’envie de décider rapidement, radicalement en ayant la croyance que ce sera plus efficace. Quand une décision complexe et stratégique est prise très rapidement, c’est qu’elle n’est sans doute pas assez réfléchie. Peut-être a-t-on été trop loin de croire que l’agilité était la solution à tout. On décide, on se trompe, on réitère, on corrige.
Pour conclure, prenons l’exemple qui active beaucoup de monde : l’écologie. Notre tendance naturelle serait d’être radical. On aurait envie d’affirmer les choix qu’il faut faire et de les imposer. De ne pas trop écouter les contres et pourtant n’est-ce pas ce qui va nous faire échouer. Prenons le temps de discuter, d’expliquer, de réfléchir. tant que nous ne l’aurons pas fait, nous aurons trop d’antagonismes pour réussir.
Les bonnes décisions ne sont-elles pas le fruit de discussions et de partage, de points de vue différents ?
Une décision nuancée, discutée n’est-elle pas plus robuste qu’une décision manquant de teintes et de subtilités ?
Alors, tenterez-vous l’aventure de la nuance ?
Charles-Edouard Girard, Co-fondateur de HomeExchange
Partons d’un constat simple, celui qu’a dressé Eléonore Crespo lors de son passage au micro de 40 Nuances de Sista : le CEO est le recruteur numéro 1. Pour la co-fondatrice de Pigment, “les meilleurs talents, c’est toi qui va les chercher. Ils vont venir pour toi, c’est-à-dire qu’ils vont venir pour ta vision de la boite”. Un rôle central et permanent qui nécessite, selon elle, de “rencontrer 10, 15, 30 voire 50 personnes avant de trouver peut-être la bonne”.
Une mission aussi synonyme de prise de risque, qui avait particulièrement marqué Thibaud Hug de Lazaure, CEO de BackMarket. Interrogé sur la plus grosse claque entrepreneuriale de sa vie, il revient surtout sur sa vision de l’erreur dans le recrutement : “Tu te dis : “Ok, c'est cette personne, ça va tout changer, c'est sûr que c'est elle ou c'est lui, ça va retourner ta boîte”. Beaucoup d’espoirs peuvent donc être mis dans le recrutement, et dans son cas, la déception n’en a été que plus grande lorsque la mayonnaise ne prenait pas, le forçant à revoir certains paramètres.
Des erreurs de recrutement qu’a aussi connu Jonathan Cherki, fondateur de Contentsquare, notamment lors de ses premières années aux Etats-Unis : “Je me suis mis à embaucher beaucoup de gens, une trentaine de personnes la première année. Et j'ai parfois, voire même souvent dans cette première année, pas très bien embauché.”
Il n’y a pas réellement de recette miracle, mais tous s’accordent pour dire que l’erreur de recrutement est sans doute nécessaire. Et parmi les leçons à en tirer, Thibaud Hug de Lazaure est clair : “Il faut plus bosser sur la culture et les valeurs pour s'assurer qu'on pose les bonnes questions et qu'on fait mieux le process.”
Cela peut aussi être lié aux différences culturelles, et ce n’est pas Jonathan Cherki qui le contredirait. En témoigne à nouveau son expérience aux Etats-Unis : “J'avais en face de moi des machines de guerre de vente, des gens qui arrivaient très bien à se vendre. Et après chacun de mes entretiens, j'avais l'impression d'avoir embauché quelqu'un d'extraordinaire. Ça, c'est assez culturel.”
Une diversité devenu le credo de Thibaud Hug de Lazaure. Pour l’illustrer, il cite le recrutement d’Albane, sa CPO, qui “défonce dès qu’elle prend un sujet” et qui “ouvre les chakras” de ses associés et lui, “trois mecs blancs, ayant fait de bonnes études, et qui se sont réunis pour créer une startup tech”, pas plus cliché selon lui.
Concernant les valeurs, tous les entrepreneurs et CEO vous diront que ce sont des éléments propres à chacun et à chaque entreprise. Les attentes peuvent même être plutôt surprenantes, et le témoignage de Timothée de Roux en est le parfait exemple. Le CEO de Manawa a une vision claire et bien propre à lui : “J’aime bien la spontanéité. En plus d'être intelligent, d'avoir une vision et d'être bosseur, ce qui est important c'est d'être sympa.”
Le recrutement est donc un processus complexe, duquel le risque est indissociable, mais comme l’a dit le CEO de Back Market pour conclure : “Quand tu recrutes des super profils, là, ce n’est pas une claque. Tu te dis plutôt : “mais waouh, quel kiff !”
Tous ces entrepreneurs sont passés au micro de 40 nuances de Next et Sista. Retrouvez les épisodes dans leur intégralité juste ici 👇
Éléonore Crespo - Thibaud Hug de Lazaure - Jonathan Cherki - Timothée de Roux
Cette semaine, on met en lumière Marion Ranvier, directrice générale de la Contentsquare Fondation. En ce mois d’octobre de sensibilisation à la dyslexie, elle appelle à une prise de conscience générale autour des handicaps invisibles.
Un thème que la Sista de Jonathan Cherki avait également évoqué lors de son passage à notre micro.
👇 Un épisode à retrouver en intégralité juste ici 👇
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