L'échec, par Jade Maréchal, athlète de l'équipe de France d'escrime

L’Edito
L’échec X Jade Maréchal

C’est un tabou en entreprise
C’est un levier de performance dans le sport.
La différence ? La perception que le monde et la société en ont.

Je vous emmène avec moi dans le plus gros échec de ma carrière pour que vous compreniez à quel point ce genre de déception vous fait paradoxalement grandir !

Juin 2019 : Je me bats avec mes 3 coéquipières de l’équipe de France d’Escrime aux Championnats du monde. Nous nous retrouvons en demi-finale après avoir gagné tous nos précédents matchs de tableaux.
Sachez que durant toute la saison avant cette compétition finale, nous avons TOUJOURS obtenu une médaille en Coupe du Monde. Nous étions donc très attendues sur le podium cette fois-ci…
Nos adversaires sur ce match de la médaille sont les coréennes. La Corée, une nation que nous rencontrons rarement dans les Coupes du Monde, car très éloignée et avec des déplacements onéreux.
Après un rude combat… nous perdons cette rencontre. Nous sommes alors défaites :
4èmes au pied du podium.
La médaille en chocolat donc !

Je me souviens très précisément des émotions qui m’ont alors traversées durant ces longues minutes et heures post-compétition.
Un VIDE !
Je suis restée dans les gradins assise à côté de mon maître d’armes pendant un bon moment. Sans parler, sans pleurer. Je regardais inlassablement devant moi, sans rien y voir.
J’avais la sensation d’être nulle. Déçue de moi. Triste et en colère.
Le fait de rentrer bredouille pour un sportif, c’est blessant. S’entraîner tous les jours, se dépasser, transpirer pour aller chercher toujours plus fort, plus vite, plus efficace pour finalement échouer le jour J. Faire tous les efforts, des choix de vie, pour ne pas atteindre son objectif au moment T. Cela fait vraiment très mal !

Je me souviens que je voulais tout arrêter. J’ai dit à mes proches que je voulais rentrer chez moi et arrêter l’escrime. J’avais envie d’enfoncer ma tête dans le sable et de passer inaperçue car j’étais honteuse. J’avais le sentiment que tout le monde me percevait comme incapable à ce moment-là.

Alors je suis rentrée à la maison. J’ai digéré durant l’été, décidant de couper complètement de l’escrime. Quand vint le moment de la rentrée, j’étais décidée à juste passer à la salle d’escrime pour récupérer mes affaires dans mon casier et ne plus y revenir.
Mais finalement, une fois sur place, mon coach m’a proposé de parler un peu…
Il m’a demandé de revenir sur cette compétition.
Il m’a proposé de faire un bilan complet de tout ce qui s’était mal passé mais aussi de trouver quelques émotions positives ressenties durant la compétition, de me reconnecter et de me rappeler des actions que j’avais validées.

Il était tout simplement en train de raviver le petit feu de passion qui restait en moi à ce moment-là.

Alors c’était parti : nous avons pris une grande feuille.
J’ai écrit ABSOLUMENT tout ce que je voulais changer dans ma préparation afin de ne plus jamais ressentir ces émotions négatives et néfastes…

Trois ans après, je deviens Championne d’Europe et l’année suivante également.
Et oui, atteindre son objectif prend du temps. Un échec est bien un levier de performance mais il est important de comprendre que cela ne se fait ni facilement ni rapidement.

Depuis ce jour, je n’ai plus jamais cessé de rendre compte de mes journées dans un carnet en notant 3 choses positives et 3 choses négatives des 24 heures précédentes.
J’ai agrandi mon staff, j’ai changé mes routines, j’ai apporté plus d’équilibre à mes activités quotidiennes, j’ai débuté le journaling… et j’en passe !

L’échec est en fait l’occasion de repartir de zéro ! Il constitue l’opportunité de se remettre en question afin de mettre en place un plan d’action efficace.

Dans le sport, nous sommes confrontés tous les jours à des évènements : victoire, défaite, blessure... En Escrime, nous avons l’occasion entre chaque touche de changer de stratégie, de tactique. C’est exactement cette façon de penser qu’il est bon d’adopter dans la vie quotidienne à différentes échelles en fonction de l’épreuve vécue.
Lorsque je loupe une touche dans un match, je ne me morfonds pas comme j’ai pu le faire lors des Championnats du Monde précédemment cités.
Les émotions négatives sont souvent proportionnelles à l’enjeu de notre mission ou de notre échéance. Mais le processus est le même. Quand je manque une touche, je me pose la question : que s’est-il passé, comment puis-je m’améliorer pour la suite ?
Et je repars au combat pour tenter de marquer la touche suivante…

C’est exactement pareil dans votre vie professionnelle et personnelle : A chaque obstacle que la vie vous propose, posez des mots dessus. Écrivez ce qui vous dérange et ce que vous n’aimez pas dans cette situation. Demandez-vous : Qu’est-ce que je ne veux plus vivre ?
C’est une gymnastique du cerveau que l’on s’approprie rapidement dès qu’on repère ce sentiment d’inconfort que procure l’échec.

L’ECHEC est sincèrement le point de départ d’un nouveau fonctionnement, le développement d’une nouvelle compétence qui renforceront vos capacités et par conséquent votre confiance en vous, ce qui est primordial.

Je pense ainsi qu’il ne faut pas oublier que surmonter des échecs nous rend finalement fiers. Un athlète qui pleure lorsqu’il gagne une compétition, n’est pas simplement et forcément ému pour les victoires du jour J. Il est pris d’émotions en repensant à toutes les années, tous les sacrifices et tous les échecs qu’il a dû et su surmonter. Il est FIER de lui, fier de s’être battu et d’avoir toujours tenté de faire mieux.

Le plus beau dans l’histoire est que même si on n'atteint pas son objectif, on récoltera beaucoup sur son chemin. Les athlètes en piste pour une qualification olympique savent bien qu’il n’y a que quelques heureux élus. Si finalement je ne suis pas sélectionnée pour les Jeux Olympiques dans ma carrière, je sais maintenant que j’en ressortirai cependant gagnante. Je me serai forgée forcément et j’aurai surmonté beaucoup d’échecs qui m’auront permis de grandir au fur et à mesure des compétitions.

Voyez l’échec comme une opportunité, je suis persuadée que c’est la clé de la RÉUSSITE !

Jade Maréchal, Athlète de l'équipe de France d'escrime

Jade s’est également arrêtée sur notre studio lors de Big ! Un épisode à retrouver juste ici 👉 Écoutez l’épisode

Nouvelle production FeuilleBlanche
L’échec entrepreneurial comme vous ne l’avez jamais entendu.

Pour faire un si beau format il nous fallait des moyens, et un partenaire qui faisait sens. Merci à la GSC de nous avoir suivi pour porter cette parole d’entrepreneurs et montrer, comme on aime le faire dans tous nos formats, que la ligne est parfois fine entre le succès et l’échec.

Découvrez le format : https://linktr.ee/podcastplantes

Écoutez l’épisode

🎧 Nos derniers épisodes 🎧

Fariha Shah a la négo dans la peau. La cession de sa boite Golden Bees au Groupe Figaro, ce sera trois négos à gérer pour un exit : les associés, le deal, la sortie.
La première est avec ses associés.
La seconde concerne le deal en lui-même.
La troisième intervient 2 ans après le closing.
Après avoir eu du nez, encore, en investissant dans OpenAI, elle relance un projet ambitieux, encore, dans l’IA avec son mari. Même entrepreneure joue encore, et la reine de la négociation ne bluffe pas !

Écoutez l’épisode

Vendre une boite à Publicis, c’était déjà fort.
Rejoindre la seconde et la céder à L’Oréal, fallait le faire.
Et comme on dit « jamais deux sans trois », Thierry Vandewalle nous a proposé de nous raconter les dessous d’une sortie.. d’un fonds.
Et 1, et 2 et 3 cessions. C’était un peu notre France - Brésil sur Cash Out. On aurait même pu finir avec I Will Survive de Gloria Gaynor.
Pour la suite, il est aussi question de survie : s’adapter au changement climatique. C’est la thèse du fonds Wind, lancé par Thierry et son associé historique Xavier Gury.

Écoutez l’épisode

De vendre des noix de cajou en Côte d’Ivoire à devoir gérer une enquête avec le GIGN, voilà un bref aperçu de la vie de Thomas Effantin.
Après avoir entendu parler du phénomène d’ubérisation du déménagement, il co-fonde Trusk en 2016, une société de livraison spécialisée dans les colis volumineux.
Et les débuts de l’aventure sont assez folkloriques : le premier nom est plus que douteux, et ils profitent d’une faille pour “hacker” Leboncoin et proposer leur service à tous les vendeurs du site. Une magouille qui lui a d’ailleurs valu de se faire menacer par une mafia à qui il faisait de l’ombre.
D’une boite BtoC, il décide ensuite de pivoter après une rencontre avec la Directrice Innovation de Leroy Merlin, qui lui propose d’intégrer son service à l’enseigne. Fini le particulier, il passe alors en BtoBtoC.
Comme Thomas le dit : “je suis un amoureux du risque”, c’est pour ça qu’il adore son métier, et ne cesse de voir plus grand pour la suite. Son prochain objectif ? Développer Trusk partout en France.

Écoutez l’épisode

Alain Weill est l’un des plus grands entrepreneurs du média en France. Depuis près de 30 ans, il s’attache à façonner l’univers médiatique français en promouvant l’information cadrée et vérifiée.
De la création de Nextradiotv, en passant par l’introduction de BFMTV sur la TNT et jusqu’à la présidence de l’Express, Alain Weill est à l’origine de nombreux médias devenus centraux dans l’univers médiatique actuel.
Lors de son passage sur notre station FeuilleBlanche à Big, il nous livre ses conseils pour réussir à bâtir un empire médiatique, en innovant sans cesse tout en restant humble et presque paranoïaque.
Il revient aussi sur la manière dont l’IA bouleverse le média et le métier de journaliste, et la nécessité de sans cesse s’adapter.

Écoutez l’épisode

Vous le connaissez sûrement pour avoir sauter de la Tour Eiffel en roller. Mais connaissez-vous le Taïg Khris entrepreneur ? L’ancien recordman de titres en sport extrême est venu nous raconter sa seconde vie en live de l’Accor Arena lors de Big.
Une chose est sûre : l’ancien athlète est ambitieux et aime toujours le risque. Une idée lui vient sur un lit d’hôpital. Aucun investisseur ne veut le rejoindre, et Taïg décide de demander à ses amis et sa famille d’investir.
Résultat : 10M d’€ récoltés grâce à 130 personnes. OnOff Télécom peut démarrer. Et si tout ne fut pas simple, Taïg a aujourd’hui accompli ce qu’il souhaitait : créer une multinationale sur l’un des secteurs les plus concurrentiels au monde.

Écoutez l’épisode

Escrimeuse, sportive de haut niveau, toute jeune diplômée d’école de commerce, Jade Maréchal n’a pas attendu pour être aussi entrepreneure. L’objectif de vie de la double championne d'Europe par équipe 2022 et 2023, championne de France 2023 par équipe et multiple médaillée en Coupe du monde par équipe : la victoire pour elle-même et pour les autres !
Elle a quitté son entrainement à l’Insep pour nous rejoindre - presque en courant - sur l’espace média FeuilleBlanche à Big.
Jade Maréchal nous dévoile son parcours de sportive de haut niveau, les victoires mais aussi les échecs et surtout son quotidien d’athlète.

Écoutez l’épisode

Les exploits naissent souvent d’une revanche à prendre.
Pour Gael Rivière, Champion paralympique de Cécifoot et ses coéquipiers, il était hors de question de revivre l’échec vécu à Pékin.
Cet échec, ils l’ont transformé en colère, puis en haine de la défaite.
Pour le public, c’était aussi la revanche contre l’Argentine, en finale de foot.
Alors merci !
On vise la victoire sans les yeux mais on l’atteint avec le coeur.
On marque des buts avec les pieds mais on marque les esprits avec la ferveur.
Maintenant que les JO sont passés, ne laissons pas retomber ce qu’ils ont pu véhiculer comme émotions mais aussi comme messages.
Et si France TV à fait beaucoup pour donner à voir et à entendre les athlètes paralympiques, n’oublions pas d’y consacrer une plus grande attention au quotidien et dans tous les espaces de la vie publique, à commencer par l’entreprise.
Merci Gael Rivière. Ce moment passé ensemble, c’est un peu notre “les yeux dans les bleus” à nous.

Écoutez l’épisode

Adopte une personne en deuxième partie de carrière pour sauver ton business, aurait pu être le slogan de Houcine Menacer, fondateur de Winside.
Winside a pour objectif de former des seniors à de nouvelles compétences en phase avec l'évolution du marché du travail, et de contribuer à former des profils qualifiés et opérationnels.
7% des entreprises de la Tech comptent un collaborateur de plus de 45 ans. Ce chiffre chute à 2% pour les plus de 50 ans.
Membre de la French Tech, Houcine est bien décidé à faire bouger les lignes sur cette question de l’emploi des personnes en seconde partie de carrière.